Articles

France, travail !

France, travail !

Dans la contemplation de notre réalité sociale, je demeure profondément étonné par la
profondeur de notre enracinement dans une structure hiérarchisée, tacitement consacrée
comme l’ultime vérité indiscutable.
C’est en effet une remarquable conjoncture où les normes, les valeurs et les usages se marient
et se tissent pour façonner l’essence même de chaque société, dans une interaction complexe
et subtile.
Pourtant, en dépit de cette apparente immuabilité, ne devrions-nous pas envisager une
alternative, peut-être évidente, qui émanerait des théories de l’interactionnisme symbolique ?
En ce qui concerne « l’insertion professionnelle » par exemple, ne serait-il pas impérieux que
ceux qui n’exercent pas d’activité professionnelle se consacrent exclusivement à leur propre
bien-être et à la poursuite de leurs aspirations intimes ?
Je me réfère ici aux personnes que la sphère politique et médiatique a trop souvent désignés à
la vindicte publique. Ces êtres, affublés du stigmate de la paresse ou de la dépendance, voient
même leur motivation la plus profonde remise en question par certains de leurs semblables.
Les personnes que je désigne comme des « fainéants et chômeurs » sont souvent perçus comme
des parias dans notre société, leurs journées d’inactivité et leur dépendance aux prestations
sociales étant sources d’irritation pour certains, tout en étant financées par les contribuables.
Ce discours dégradant accepté par tous, engendre une déshumanisation quotidienne en
reléguant autrui à une condition de misère et de citoyenneté de seconde zone, contribuant
ainsi à son rejet et à sa marginalisation.

Dans nos mentalités les plus profondément enracinées, il semble que la place du non-
travailleur occupe une position prépondérante. Il est intéressant de se rappeler qu’à l’époque de

l’Antiquité grecque, seuls les esclaves, appelés ilotes, étaient contraints au travail.
Dans l’ère actuelle, où le capitalisme règne en maître et où l’impératif économique semble
consister à maintenir le monde en mouvement par une production incessante de biens parfois
futiles et dépourvus de raison d’être, ne devrions-nous pas tous rechercher un dessein à notre
existence, même ceux qui ne trouvent pas de valeur dans le travail matériel, relégués à une
chaîne de production dont la finalité leur échappe ?
Bien que la création d’objets tangibles soit souvent perçue comme l’essence même du travail,
il est crucial de reconnaître que d’autres voies professionnelles existent. Ces personnes,
souvent désignés comme des chômeurs, ne sont pas fondamentalement enclins à l’inaction
totale ; ils éprouvent simplement des difficultés à trouver l’expression de leurs désirs propre,
fruits de leur attachement profond à l’existence.
D’ailleurs, il en va s’en dire que les recherches révèlent souvent que l’enfance des personnes

bénéficiant et vivant uniquement de prestations sociales peut être entachée par des défis socio-
économiques et familiaux. Ces jeunes sont souvent enclins à grandir dans des milieux

marqués par la pauvreté, l’instabilité au sein de leur foyer, ainsi que des difficultés d’accès à
une éducation de qualité et aux ressources nécessaires à leur plein épanouissement. Ces

réalités ont tendance à exercer une influence significative sur leur développement tant sur le
plan cognitif, émotionnel que social, modelant ainsi leurs perspectives à l’égard de l’éducation,
de l’emploi et du bien-être à venir.
En raison du constat que l’ensemble de la société n’a pas pleinement répondu aux besoins
fondamentaux de l’être humain, serait-il alors légitime de considérer que l’autre, n’étant pas
soi, est redevable envers la société et doit satisfaire ses exigences ?
Je crois sincèrement que, malgré les discours tenus par certains, qui affirment : « Moi aussi, je
pourrais me passer de travailler et cela me ferait du bien », la réalité pourrait semblé bien
différente.
En vérité, il est fort probable que peu de personnes seraient disposées à mettre en pratique de
telles paroles, surtout lorsque leur raison d’être est intrinsèquement liée à leur activité
professionnelle, même pour une rémunération aussi modeste que 800€ par mois.
C’est justement parce que l’ensemble de la société ne sait pas répondre aux demandes de
certains que ces certains ne devraient certainement pas exercer un emploi.
Et bien que mon discours ne fasse pas l’unanimité, c’est probablement cela, la solidarité
humaine.

 

Auteur : Sofiane MADI

Retrouvez d’autres articles de Sofiane sur son blog ou sur notre page L’entracte Social

Blog de Sofiane ici

Articles similaires