1/ Pour commencer, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Agnès Amardeil : Je suis Agnès Amardeil, éducatrice spécialisée diplômée depuis 2007. J’ai fondé ORFEEA en 2021. ORFEEA signifie Organismes, Relations Familiales, Entreprises, Enfants et Adolescents. Mon bureau, lieu neutre pour les familles, est situé à Orthez, près de Pau (64).

2/ Vous êtes éducatrice spécialisée depuis plus de 15 ans, comment l’idée du travail social libéral vous est venue ?

Agnès Amardeil : En effet, j’ai passé plus de 15 ans à travailler dans divers organismes sociaux et médico-sociaux qu’ils soient associatifs ou publics. Ces expériences professionnelles m’ont permis de construire une pratique riche et des constats importants. Notamment : les difficultés voire des impossibilités d’accès de nombreuses familles à des conseils ou accompagnements éducatifs, notamment réactifs et surtout en local.

3/ Auprès de quel public intervenez-vous et pour quels types de besoins les personnes sont-elles amenées à vous solliciter ?

Agnès Amardeil : Les parents me sollicitent, la plupart du temps sur recommandation de professionnels du paramédical afin de compléter ou suppléer à leur intervention auprès d’un membre du système familial. Leurs demandes sont souvent : l’apaisement des relations familiales, apporter un soutien éducatif à leurs enfants à besoins spécifiques ou encore les soutenir dans leur parentalité par une guidance parentale.

4/ Tout au long de votre carrière, vous vous êtes spécialisée dans l’accompagnement des adolescents et leur famille. Pourriez-vous nous expliquer votre rôle et vos modalités d’intervention en cas de relations familiales conflictuelles ?

Agnès Amardeil : Les modalités divergent en fonction de leur situation et surtout de l’âge de l’enfant. Si c’est un jeune majeur, un enfant de 8-10 ans ou un adolescent, les modalités vont être différentes. Dans le dernier cas, je travaille à établir une relation de confiance, tout en continuant d’être en lien avec les parents afin de permettre au système familial d’être plus apaisé.

5/ La parentalité est une notion récente, comment pourriez-vous définir cette notion et quelles sont vos modalités d’interventions auprès des parents ?

Agnès Amardeil : Lorsqu’un parent me contacte par téléphone, je prends 15 min pour écouter sa souffrance et évaluer son besoin. Lorsque je suis le bon interlocuteur, je leur explique que je vais d’abord rencontrer les parents au bureau et que l’on évaluera ensemble les modalités d’accompagnement en fonction des besoins exprimés. Les personnes sont souvent surprises, pensant que j’allais d’abord voir leur enfant. Il n’est pas rare que finalement, je ne rencontre jamais les enfants et qu’après quelques rendez-vous parentaux au bureau, dont ils en voient et comprennent les bénéfices, leur relation à leurs enfants s’améliore et le climat familial en est apaisé. Lors de ces temps de guidance parentale, nous parlons de leur quotidien, d’eux et de leur façon d’être parents. Ils me parlent aussi des réactions de leur enfant dans telle ou telle situation et nous comprenons ensemble les besoins de ce dernier et les réponses à adapter afin de baisser le niveau de tension interne de chacun. Lorsque j’accompagne, également, l’enfant sur ses besoins spécifiques, j’y implique les parents afin qu’ils le comprennent mieux et poursuivent chaque jour le travail éducatif auprès de lui.

6/ Depuis le début de votre carrière d’éducatrice spécialisée, quels sont les grands changements que vous avez observés chez les adolescents ? Comment les travailleurs sociaux peuvent-ils répondre aux besoins de cette nouvelle génération ?

Agnès Amardeil : Je ne pense pas qu’en 15 ans les besoins des enfants et adolescents aient tant changé, par contre je trouve que les réponses apportées par les parents sont aujourd’hui imprégnées de la pression que l’on met sur eux. Cette pression ne leur permet plus d’accorder leurs actions à leur vision de la parentalité. Les adolescents ressentent ces injonctions paradoxales comme une insécurité. Dans ma pratique, je favorise également les temps d’échanges et d’activités communes enfants/parents.

7/ Pour finir, pourriez-vous nous parler des actions réalisées en cas de décrochage scolaire (phobie scolaire, harcèlement…) ?

Agnès Amardeil : Je rencontre régulièrement des situations de cet acabit. Je n’ai pas d’outil spécifique, les situations de harcèlement se révèlent grâce à la relation de confiance qu’entretient l’adolescent avec l’éducateur et la capacité de ce dernier à mener les actions afin de la protéger. Dans les situations de décrochage ou de phobies scolaires, la base est la même et j’adapte des outils afin de travailler indirectement des compétences sociales ou scolaires jusqu’à ce que l’adolescent reprenne confiance en lui, retrouve du sens à apprendre et à poursuivre le développement de ses compétences scolaires et sociales.