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INTERVIEW : Le rôle de l’assistante sociale auprès des personnes âgées

INTERVIEW : Le rôle de l’assistante sociale auprès des personnes âgées

Assistante Sociale, Carine VAN DEN BROCKE – Youner – Interview

 

1. Pour commencer, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Carine Van Den Brocke : Je m’appelle Carine VAN DEN BROCKE. J’ai obtenu mon Diplôme d’État d’Assistant de Service Social et ma licence professionnelle en intervention sociale en 2019. J’ai commencé ma carrière en 2020 lors d’un remplacement de congé maternité au Centre de Réadaptation de Coubert au service de Neurologie. J’ai poursuivi par un poste à l’Institut d’Éducation Motrice (IEM) et au Service d’Éducation Spéciale et de Soins à Domicile (SESSAD) à Villepatour. J’ai pu accompagner des jeunes entre 15 et 25 ans. Aujourd’hui, je suis en activité au Centre de Réadaptation de Coubert.

2. Auprès de quel public intervenez-vous et pour quels types de besoins les personnes sont-elles amenées à vous solliciter :

Carine Van Den Brocke : J’interviens actuellement auprès de services de gériatrie et d’un service d’orthopédie-traumatologie. Nous allons aujourd’hui échanger plus particulièrement sur mon travail au sein de la Gériatrie. Les patients de ce service sont hospitalisés pour divers motifs médicaux comme par exemple pour des prothèses de genou, de hanche, d’épaule, des fractures, mais aussi pour des besoins de rééducation à la marche dans le cadre de la maladie de Parkinson, etc. Je rencontre tous les patients afin d’évaluer la situation globale (administrative, budgétaire, familiale, etc.). En fonction de la situation des patients, je peux être amenée à les rencontrer une seule fois ou établir un suivi social jusqu’à la sortie.

3. Pourriez-vous nous décrire les difficultés auxquelles sont confrontées les personnes âgées aujourd’hui ?

Carine Van Den Brocke : Les besoins des personnes accueillies sont diversifiés. Les personnes âgées ayant été hospitalisées sont plus fragiles à leur retour au domicile. Il est parfois nécessaire de mettre en place des aides à domicile comme des portages de repas, des livraisons de courses, la téléassistance, de l’aide à la toilette ou encore une aide-ménagère. J’accompagne également les patients ne pouvant pas retourner à leur domicile pour des raisons médicales et/ou cognitives. Il s’agit alors d’évaluer la pertinence d’un placement en institution (résidence senior, résidence autonomie ou EHPAD) avec le patient et son entourage. Un travail de longue haleine s’établit alors : recherche de structures en cohérence avec le projet de la personne (localisation, question financière, etc.), constitution du dossier d’admission et d’aide financière le cas échéant, visite d’établissement jusqu’à une admission. Bien sûr, il est nécessaire que la personne et son entourage valident le projet. Nous ne pouvons rien enclencher sans leur accord. Les besoins des patients âgés de Gériatrie sont très diversifiés et dépendent surtout du degré d’autonomie de la personne.

4. Pourriez-vous nous décrire les difficultés auxquelles sont confrontées les personnes âgées aujourd’hui ?

Carine Van Den Brocke : Les personnes âgées aujourd’hui font face à une variété de difficultés qui peuvent avoir un impact significatif sur leur bien-être et leur qualité de vie. Je vais vous en citer quelques-unes. Le vieillissement par exemple entraîne très souvent un isolement social et une solitude conséquente. L’isolement peut lui-même entraîner de la dépression et de l’anxiété chez les personnes âgées. La dépendance liée à l’âge est souvent compensée par la nécessité de mettre en place des aides à domicile. Là encore, de nombreuses difficultés existent : pas assez de services d’aide à domicile, surtout dans les milieux ruraux, peu d’intervenants qualifiés au domicile, des coûts élevés, des horaires d’interventions inappropriés avec le mode de vie de la personne âgée, etc. L’accès aux soins est complexe pour la majorité des Français, notamment pour trouver un médecin traitant. Les personnes âgées sont encore plus touchées puisqu’elles n’ont pas toujours un moyen pour se déplacer et rares sont les médecins se déplaçant encore au chevet de leurs patients. Le domicile des personnes est très souvent inadapté : présence de marches dans le logement, absence de rampes ou de barres d’appui, douche avec seuil élevé, etc. Il est possible de faire des travaux d’adaptation du logement liés au vieillissement et des aides financières existent sous conditions de ressource, mais les dossiers sont longs et parfois complexes.

5. Le coût des aides techniques et humaines n’est pas négligeable. Existe-t-il des dispositifs d’aide financière qui permettent de prendre en charge la totalité ou une partie de ces aides ?

Carine Van Den Brocke : Il existe en effet des aides financières en France qui permettent de prendre en charge la totalité ou une partie des aides techniques et humaines. Ces aides sont différentes s’il s’agit d’une personne de moins de 60 ans ou de plus de 60 ans. Je vais vous parler spécifiquement des personnes dans le deuxième cas. Il existe l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) qui aide à financer des aides humaines et/ou techniques à partir d’une évaluation à domicile par un professionnel du Département. Ces aides sont calculées en fonction des ressources. Également, certaines caisses de retraite et mutuelles peuvent aider à financer, sous certaines conditions. Certaines communes, départements ou régions proposent aussi des aides spécifiques pour les personnes âgées.

6. Vos missions vous amènent à accompagner les familles des personnes âgées. Pourriez-vous nous expliquer le rôle d’une assistante sociale auprès des aidants familiaux ?

Carine Van Den Brocke : En tant qu’assistante sociale au sein d’un établissement sanitaire, les patients peuvent mentionner dans le dossier administratif une personne de confiance. Il s’agit très souvent de la personne aidante. La sollicitation des aidants familiaux est alors primordiale dans mon accompagnement afin de faire le point sur la situation avant l’hospitalisation mais également de vérifier la nécessité de la mise en place des aides à domicile aussi bien pour le bien-être et la sécurité de la personne que pour éviter un épuisement de l’aidant.

7. La cause des aidants familiaux est de plus en plus médiatisée. Concrètement, comment s’articulent les dispositifs en faveur des aidants familiaux aujourd’hui ?

Carine Van Den Brocke : Les dispositifs en faveur des aidants familiaux ont évolué favorablement mais, à mon sens, ils ne sont pas encore suffisants pour que ces derniers soient vraiment reconnus. Il y a des dispositifs légaux : possibilité de bénéficier de congés pour s’occuper de leurs proches ou allocation pour les proches aidants. De plus en plus d’associations proposent des groupes de parole, des suivis psychologiques ou des formations pour accompagner au mieux le proche.

8. Pour finir, quels conseils pourriez-vous donner à un aidant familial qui s’occupe quotidiennement d’une personne dépendante afin de limiter l’apparition d’un phénomène d’épuisement ?

Carine Van Den Brocke : Il faut savoir qu’il existe des dispositifs de répit pour les personnes aidées comme des hébergements temporaires ou des accueils de jour ou encore des séjours de vacances adaptés. Au niveau de l’APA, une aide financière accordée en plus du plan d’aide peut permettre de solliciter davantage d’intervenants, le temps de l’absence de l’aidant. En tous les cas, il ne faut pas hésiter à en parler à un professionnel du secteur, notamment à un assistant social qui pourra vous conseiller et orienter vers des services adaptés.

 


Cette série d’entretiens offre un aperçu précis et professionnel du métier d’assistante sociale, mettant en avant l’expérience et les connaissances de Carine Van Den Brocke, vous pouvez retrouvez d’autres interview de professionnels du social ici : L’entracte sociale

Retrouvez tous les services de Carine Van Den Brocke sur Youne : Ses services

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