Des mots, rien que des mots… Vraiment ?
Individu, client, patient, bénéficiaire, citoyen, usager, allocataire, voyageur, locataire,
bailleur … La liste de termes pour désigner l’être humain est vaste, chacun dépeignant un
profil spécifique.
Ce qui suscite ma réflexion actuelle, c’est l’inquiétante tendance à déshumaniser notre
perception quotidienne, reléguant la personne à un simple contributeur.
Il est indéniable que les contradictions institutionnelles et politiques contribuent à aggraver
cette schizophrénie persistante.
Cette déshumanisation progressive soulève des préoccupations majeures quant à notre
capacité à reconnaître et à respecter la dignité fondamentale de chaque être humain.
Lorsque l’accent est mis sur le rôle de contributeur plutôt que sur la singularité de l’individu,
cela peut entraîner une perte de perspective essentielle.
La schizophrénie institutionnelle et politique, quant à elle, aggrave cette situation en
introduisant des incohérences et des tensions qui entravent la construction d’une société
véritablement centrée sur l’humain. Il me paraît crucial de rééquilibrer notre approche, en
reconnaissant la richesse et la complexité de chaque personne au-delà de son utilité
apparente.
En somme, la réflexion sur ces termes révélateurs de notre langage quotidien souligne
l’importance de rétablir une vision plus holistique de l’être humain, afin de favoriser des
interactions sociales et politiques empreintes de respect, de compréhension et d’empathie.
J’ai une idée quelque peu audacieuse. Ne pourrait-on pas simplement nous désigner par le
terme « Personne » ? Dans le domaine médical, on pourrait parler de « personne à soigner », et
dans le contexte social, on pourrait dire « personne accompagnée ». Je crois fermement que
les mots influent sur notre perception de manière subtile, et qu’il serait judicieux d’adopter
une terminologie plus sensée pour favoriser une communication plus juste.
À la caisse des impôts, je me sens comme un simple numéro dans la foule, et quand c’est
mon tour, c’est mon numéro qui est appelé. À la Sécurité sociale, c’est pareil, mais avec un
autre numéro, pas celui des impôts. Quand c’est à moi de passer, c’est encore un autre
numéro qui résonne.
Dans chaque domaine, je ne suis qu’un numéro, assigné à une place, attendue par un chiffre.
Au sein de ces structures impersonnelles, je me fonds dans l’anonymat, réduit à une simple
séquence de caractères. Pourtant, le travail social, à mes yeux, transcende cette
mécanisation de l’existence. Il s’agit de réintroduire la chaleur humaine, de révéler la beauté
singulière de chaque individu au sein de cette vaste symphonie sociale. Notre rôle est de
restaurer la connexion, de tisser des liens d’empathie et de compassion, pour que chaque
numéro devienne une voix, chaque statistique, une histoire, dans la trame complexe de
notre humanité.
Auteur : Sofiane MADI
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