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INTERVIEW : Enfance et Parentalité : être accompagné par une éducatrice libérale

INTERVIEW : Enfance et Parentalité : être accompagné par une éducatrice libérale

Éducatrice spécialisée, Barbara CHAMBRIN – Youner – Interview

1. Pour commencer, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Barbara Chambrin : Je m’appelle Barbara Chambrin, j’ai 36 ans, je suis maman de 3 enfants entre 5 et 13 ans et j’habite au milieu du triangle Rennes, Vannes et Nantes. Je suis éducatrice spécialisée, j’interviens en maison d’enfants à caractère social (MECS) depuis environ 15 ans. J’ai pu travailler également dans le domaine du handicap, de la scolarité, et de l’insertion de jeunes adultes en situation de handicap. Je suis actuellement à temps partiel en MECS et indépendante sous le nom de “Les Horizons Pédagogiques”.

2. Tout au long de votre carrière, vous vous êtes spécialisée dans les questions liées à la protection de l’enfance. Pourriez-vous nous donner votre définition de la protection de l’enfance ?

Barbara Chambrin : Pour moi, la mission principale de la protection de l’enfance est dans le titre qu’on lui donne. Sa définition va alors être un accompagnement vers une sortie de l’enfance en étant le plus armé possible. Un accompagnement de la famille au sens large me paraît ici primordial, toujours dans le but que l’enfant soit au centre des préoccupations de la Protection de l’Enfance. Dans le cadre d’un placement (ce que l’on entend généralement par protection de l’enfance), l’enfant va être accompagné au mieux vers une autonomie, une acceptation de soi et de son histoire en incluant la famille autant que possible si l’enfant le souhaite et si la famille est en capacité de se saisir des observations et propositions faites.

3. Dans ce champ vaste qu’est la protection de l’enfance, le sujet du placement familial peut être source d’angoisse pour les parents comme pour l’enfant. Selon vous, quels sont les bénéfices observés lors d’un placement familial ?

Barbara Chambrin : Les bénéfices sont souvent les plus flagrants pour l’enfant que pour les parents. En effet, l’intérêt de l’enfant est souvent mis au premier plan, sa protection est assurée par les services éducatifs ainsi que son accompagnement au quotidien. Son avis, ses souhaits et ses besoins sont écoutés et entendus et travaillés autant que ces demandes sont envisageables. Les parents quant à eux bénéficient alors de conseils, de propositions d’actions pour apprendre ou réapprendre à accompagner leur enfant tout en tenant compte de ses besoins primordiaux. Parfois, le parent peut avoir besoin de répit dans sa parentalité, un temps pour souffler et se remettre en question.

4. Vous avez appréhendé la mise en place de nombreux dispositifs auprès des familles, dans quelle(s) situation(s) celui du placement alternatif est-il pertinent ?

Barbara Chambrin : Le placement alternatif est un placement à domicile. Cela implique alors la mise en place d’un accompagnement éducatif régulier au sein même du domicile. Des solutions de replis sont proposées en cas de “crises”. Selon moi, ce placement est pertinent si le jeune n’est pas en danger immédiat près de ses parents ou de ses proches habitant au domicile. Le travail amorcé avec le parent y est alors facilité pour l’éducateur car le parent devient le premier interlocuteur du travailleur social.

5. Vous avez également travaillé auprès des enfants en situation de handicap, quelles sont les problématiques rencontrées par les adolescents porteurs de handicap dans le cadre de leur insertion scolaire ?

Barbara Chambrin : Le problème de la différence reste un problème récurrent dans les collèges et lycées. Le harcèlement des jeunes les plus atteignables est une problématique de société. Lorsque les enfants présentant un handicap entrent à l’école dès le plus jeune âge, s’ils n’intègrent pas une école spécialisée, ils peuvent très vite être mis à mal. En effet, les suivis réguliers concernant leur santé sont très vite pointés du doigt par leurs camarades qui peuvent alors mettre en place des relations plutôt malsaines. Cette problématique peut amener de lourds retards scolaires et des difficultés dans les apprentissages de par les capacités des jeunes mises à mal par le harcèlement. De plus, les handicaps sont nombreux, en milieu ordinaire, les professeurs ne sont pas toujours formés à des accompagnements spécialisés. Les apprentissages sont alors travaillés pour une classe de jeunes ne présentant pas de handicap particulier. Ce qui sera néfaste aux apprentissages de jeunes porteurs de handicap.

6. Aujourd’hui, vous avez créé votre structure « Les horizons pédagogiques » où vous accompagnez les enfants, adolescents et leur famille. Pouvez-vous nous décrire les principales problématiques pour lesquelles les personnes sont amenées à vous consulter ?

Barbara Chambrin : A l’heure actuelle, je propose des accompagnements aux familles ainsi que des ateliers en groupe pour les parents et leurs enfants, des cafés parentalité et des ateliers dédiés aux enfants. Les parents me contactent généralement pour des comportements de leur(s) enfant(s) qu’ils trouvent inadaptés. Ils ont souvent besoin de soutien dans leurs réponses. Les familles demandent souvent que je puisse accompagner l’enfant vers un mieux-être et donc un apport de dose de sérénité en plus. Des ateliers mis en place sont dédiés à des enfants en situation de handicap, ayant alors besoin d’un apport éducatif sur la gestion des émotions, la relation aux autres ainsi que le développement de l’autonomie. Les ateliers parents-enfants apportent un soutien dans la relation familiale, les familles questionnent régulièrement une envie de faire différemment pour obtenir un bonheur familial qu’elles ont du mal à ressentir, pris dans leur quotidien. Les cafés parentalité sont un réel bénéfice pour les parents ayant besoin de souffler, de s’exprimer sur leur fatigue, leurs doutes et leur culpabilité face à des enfants ayant souvent des troubles du comportement. Trouvant peu de structures et professionnels adaptés à leur problématique, les parents ont alors besoin d’écoute, de conseils, et de savoir qu’ils ne sont pas seuls.

7. Selon vous, en quoi la médiation artistique ou culturelle est-elle essentielle à l’accompagnement des enfants ayant des troubles du comportement ?

Barbara Chambrin : Cette médiation offre des moyens d’expression divers et variés pour libérer les émotions des enfants ayant des troubles du comportement. La communication, quelle qu’elle soit, est la base de bonnes relations, elle peut cependant être une communication non verbale, comme la médiation artistique. Cela développe leur estime de soi ainsi que leur confiance en eux, ce qui permet alors de tendre vers un mieux-vivre. La canalisation de l’énergie passe, dans cette médiation, par la création. L’alternative saine peut alors réduire le stress et l’anxiété et donc les comportements perturbateurs.

8. Pour finir, pourriez-vous donner quelques conseils à des parents qui se sentent démunis face au comportement de leur enfant ?

Barbara Chambrin : Ayez confiance en vous, et en votre enfant. Communiquez, apprenez à connaître ses besoins, apprenez-lui à les reconnaître également. Prenez le temps, soyez patient, Rome ne s’est pas faite en un jour. Prenez du temps pour vous, seuls, dans vos besoins personnels. La parentalité n’est pas la finalité, elle est le chemin vers.


Cette série d’entretiens offre un aperçu précis et professionnel du métier d’éducatrice spécialisée, mettant en avant l’expérience et les connaissances de Barbara Chambrin, vous pouvez retrouvez d’autres interview de professionnels du social ici : L’entracte sociale

Retrouvez tous les services de Barbara Chambrin sur Youne : Ses services

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